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histoires de chats
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12 mai 2006

Moi et ... mon chat

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Moi et ... mon chat

J'habite chez mon chat. Il me sous-loue un oreiller, mais tout le reste lui appartient ; les plantes vertes, la poubelle, les piles de pulls dans l'armoire, le canapé, les genoux des copains sur le canapé, le frigo, la gamelle du chien, le fax, l'ordinateur et la souris (évidemment).

En fait, mon chat, c'est une chatte. Mais chaque fois que je dis "ma chatte" devant un monsieur (normal, pas spécialement débile), je récolte une plaisanterie raffinée. Donc, je préfére dire : "J'ai un chat, c'est une chatte".

Elle a six mois et elle est décorée de tâches noires et blanches barbouillées au hasard. C'est un grand prédateur. Entre deux barquettes au lapin, elle attaque la première antilope qui passe dans la pampa - son singe en peluche - et la trimbale fièrement sous le nez du chien, histoire de lui montrer qui est le chef. Le chien s'en fout. Il a seize ans, il en a vu d'autres, des chefs. Vexée, elle teste sa danse de séduction la plus croustillante : sautillements de travers, poil hirsute, queue en Z. Ca interloque le chien. Le front bas, la truffe en point d'interrogation, il la regarde passer et repasser. Quand il se décide enfin à émerger de sa corbeille pour voir de quoi il retourne, elle lui crache à la gueule et lui pique sa place.

J'appelle ça une allumeuse. Quand le chien est d'humeur interactive (cul en l'air, pattes en éventail, couinement optimiste), elle lui jette un oeil morne -jamais vu ce type ni d'Eve ni d'Adam -et se range les pattes sous le menton dans la position millénaire du chat, dite "rien à cirer" - qui impressionnait déjà beaucoup les Egyptiens. Le chien, bluffé mais pas découragé, repart le nez au vent et lui apporte l'antilope. Là, elle lève la patte arrière gauche et entreprend de se lécher le trou de balle. Le débat est clos.

Quand elle était petite (15 cm sans la queue), elle faisait la foire toutes les nuits, de 2 heures à 5 heures du matin. C'est fou, l'énergie que peut déployer un truc de 15 cm quand il a décidé de pulvériser un appartement. Maintenant, elle fait ses nuits jusqu'à 6h20 - heure à laquelle, s'inquiétant de me voir gésir comme une chose, elle me saute sur l'estomac et me plonge le nez dans l'oeil. Quand elle a bouffé, elle retourne dormir dans un coin secret où personne ne peut la déranger -grosse supériorité du chat sur l'homme. A 15 cm, elle s'endormait n'importe où : dans une cuillère ou sur le chien. Elle l'escaladait par la fesse droite et s'endormait dessus. Lui, pétri d'inquiètude et d'instinct parternel, n'osait plus bouger une moustache. Jusqu'au moment où il réalisait qu'elle n'était pas sa fille. Il se secouait et elle tombait comme une vulgaire puce, l'air outré.

Elle a des goûts artistiques. Chaque jour, elle met tous les cadres de travers sur les murs. Au début, je les remettais droit, mais j'ai fini  par renoncer. Quand elle est contente, elle roucoule. Quand elle est contrariée, elle grince. Hier, je l'ai contrariée. J'ai tendu un bout de banane au chien et elle a voulu le lui piquer. Elle ne se méfiait pas : tout ce qu'elle avait goûté jusque là lui plaisait, y compris les endives et la crème antirides à deux milliards le pot. Mais la banane, ça n'allait pas. Elle a pris l'air froissé que prend généralement une baronne quand vous pétez à table et elle a disparu dans un trou obscur d'où j'ai mis deux heures à l'extraire.

Une fois sortie, elle est venu défiler devant moi avec son antilope et j'ai bien vu qu'elle était le chef. En fait, le sens de l'humour lui fait cruellement défaut. Elle ne supporte pas qu'une mouche s'envole sous son nez. Là, elle peut escalader n'importe quoi, y compris un bouquet de fleurs dans un vase Ming. Après, elle m'en veut : tout ça - la mouche râtée, le ming en morceaux et la flaque sur le parquet - c'est ma faute. En revanche, quand elle a passé la moitié de la nuit à gicler au plafond et me retomber dessus, elle ne m'en garde pas rancune. Elle vient s'aplatir sur ce qui me sert normalement de visage - qu'elle a l'air de prendre pour un pouf - et ronronne comme une bourique. J'asphysie un peu mais je me tais : je sais qu'un chat peut changer de maison s'il est mécontent du service. Et je ne voudrais surtout pas qu'elle s'en aille.

Marie-Ange Guillaume

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Commentaires
A
Très divertissant.........mais aussi très vrai!
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